Samedi 5 février aux alentours de 18h je passe les portes de l'aéroport après un premier contrôle d'identité et des sacs. En effet je ne dois pas inspirer une totale confiance. Pas rasé, pas coiffé, pas tout à fait propre, un sac énorme sur la dos ou sèche ma serviette et un style vestimentaire à revoir.
Je fais un tour pour repérer les lieux puisque que c'est ici que je vais passer les 12 prochaines heures. Je m'installe sur un chaise face à la piste de décollage et me connecte sur internet. Non pas comme avec ADP (aéroports de Paris) où le wifi est payant, ou alors comme dans tout autre aéroport où il est limité, ici il est gratuit et illimité. C'est donc en bon européen avare de technologie que je vais passer une bonne partie de la soirée sur internet. D'abord cherchant des nouvelles du Caire, des nouvelles non censurées comme j'y ai eu le droit pendant quelques jours.
Un groupe d'une vingtaine d'handicapés arrivent accompagnés de guides et commencent à chanter des champs israéliens avant de passer les barrières de la douane. Ca met une bonne ambiance dans l'aéroport et c'est super agréable de voir ces handicapés avec le sourire et aussi heureux.
La nuit sera courte. Après avoir somnolé un peu allongé par terre à côté de 2 américains il est déjà 3h du matin et l'enregistrement va commencer. Je me dis que c'est mieux si j'y suis tôt comme ça au moins je n'aurais plus mon sac et serait à l'aise.
J'arrive au niveau des enregistrements mais la file d'attente est déjà conséquente. Je suis juste derrière 2 argentines backpackeuses. On discute le temps de l'attente, et elle me raconte leur périple depuis la Turquie jusqu'à la Mer Morte.
Sayé c'est mon tour.
- What's your name ?
- (l'envie me traverse l'esprit de lui dire que c'est marqué devant lui sur mon passeport) Krouti Bastien
- What's your second name ?
- Mehdi
- Where does it from ?
- Morocco, my father is from morocco
- Ok. Do you speak, understand hebreu ?
- No
- Can u read or write hebreu ?
- No
- Have u got a knife, scissors or anything could be dangerous ?
- NO
- Have u got some explosives ??
- (là aussi l'envie de lui dire oui oui bien sur j'ai une bombe dans mon sac à dos me traverse l'esprit) NO sir
- Ok. Did u made by ur own self ur bag ?
- Yes
Et ainsi de suite pendant au moins 10minutes .....
Mon sac fut passé au rayon X mais ils ont estimé être nécessaire une fouille plus précise. Quelle déception de les voir défaire tout mon sac comme ça et surtout mon duvet que j'avais délicatement plié et ranger dans son tout petit étui. Après m'être déshabillé et être passé 2 fois au détecteur de métaux c'est au tour de mon petit sac à dos.
Au bout d'une heure (il est déjà 4h30), je dépose donc mon sac pour qu'il soit enregistré jusqu'à Paris (sachant que j'ai encore une escale à Prague). Sayé mon sac est parti.
A mon tour de m'enregistrer. Obtention du visa de sortie et maintenant il ne me reste plus que 15 minutes avant l'embarquement.
C'est le grand retour à la réalité. Le vol OK287 à destination de Prague décolle à 6h20 heure locale. Les yeux se ferment vite et ils ne se rouvriront que le temps de manger le petit déjeuner servi en Tchèque avant de se refermer aussi tôt.
L'arrivée à Prague est sous le signe des turbulences car un fort vent d'Ouest s'abat sur l'Europe (c'est le pilote qui l'a dit).
Les pieds sur le sol européen ce qui signifie maintenant une longue attente, 6h, avant de redécoller et de redevenir français à part entière.
Lecture, écriture, sieste, lecture et re écriture auront rythmé mon attente avant d'embarquer dans le vol AF1983 à destination de Paris Charles De Gaulle auprès de touristes français venus dépenser un tas de couronne tchèque. Les conversations des passagers me font déjà déprimer
"olalala qu'il était bien cet hôtel 4 étoiles, et la piscine avec le sauna c'était vraiment super" ...
Distribution de gâteaux dégueu et de jus d'orange Fruité, pas de soucis on arrive bien en France. Rien que le fait que les hôtesses de l'air parlent français et que le capitaine aussi me met mal à l'aise. Le retour est trop rapide. C'est le malheur de l'avion. Passer de mon bout du monde, de ma révolte, du désert, du bus interminable, de la Mer Rouge, des temples à Paris en quelques heures seulement.
L'attérrissage à CDG s'effectue vers 17h30, et à 18h me voilà prêt à quitter l'aéroport et ce monde de voyage pour rejoindre ma mère qui m'attend dans la voiture à la sortie ....